FRONTIÈRES DU NORD ET DE L’EST : BELGIQUE REGION WALLONNE

ATH :

Depuis le XIIe siècle, Ath est une bonne ville du Comté de Hainaut, feudataire du duché de Basse-Lotharingie et feudataire du Saint-Empire romain germanique.  depuis le haut Moyen Âge est le siège d’une administration militaire comtale vendue à Baudouin IV comte de Hainaut, le symbole du pouvoir féodal: la Tour Burbant, la ville est entourée de deux murailles successives depuis le XIVe siècle, et par trente tours dont les noms de certaines d’entre elles sont énumérés par C. Bertrand dans son histoire de la ville. Cette muraille est protégée, dès la première moitié du XVIIe siècle (époque espagnole), par des ouvrages extérieurs destinés à couvrir les trois portes. La ville sera fortifiée par Vauban, lors des guerres de la seconde moitié du siècle de Louis XIV. Ce dernier est lieutenant des gardes en 1667 lorsqu’il arrive en ville et ingénieur militaire depuis 1655, et ce grâce au soutien du marquis de Louvois (1641-1691), secrétaire d’État à la guerre, et de Louis-Nicolas de Clerville (1610-1677), commissaire général aux fortifications. Les travaux de fortification se déroulent de 1668 à 1674. La première pierre est posée le 22 février 1669 et très vite, les murs s’élèvent sur trois kilomètres et demi de la fortification. L’année 1669 est décisive pour la construction et la mise en place de la forteresse.  En juillet 1668, il fixe le projet définitif – c’est le cinquième – d’une nouvelle enceinte formant un octogone régulier flanqué de huit bastions. La ville ancienne est totalement absorbée dans ce nouveau périmètre bien plus vaste et l’enceinte médiévale est rasée. « Je me vante de vous faire icy la plus belle et la meilleure place de l’Europe, comme à Lisle la meilleure citadelle », écrit l’ingénieur de 35 ans à Louvois le 5 mai 1669. Les huit fronts présentent des bastions à flancs droits, des tenailles simples et, déjà, des réduits de demi-lunes ; dans les courtines court une « communication» qui traverse les contreforts, contremine qui ne dit pas son nom. Un savant dispositif d’écluses permet de tendre une inondation et de réguler la hauteur d’eau des fossés. JP Ducastelle décrit les ouvrages : « Ath a l’aspect d’un octogone avec huit bastions séparés par des courtines. Celles-ci sont protégées par des tenailles. La tenaille est double entre le bastion de Flandres et de Brabant, elle est absente face à la porte de Tournai. Des demi-lunes protègent également la courtine devant les tenailles. La demi-lune, face à la porte de Mons, est renforcée de deux lunettes. L’octogone est aplati à l’ouest et forme une ligne droite face au Mont Feron. Le mur d’escarpe a une hauteur de dix mètres et trois mètres d’épaisseur et renforcé de contreforts et des écluses. L’ensemble des constructions est entouré de fossés de 40 mètres de largeur et d’une profondeur de 4 mètres environ. La Dendre occidentale forme un avant-fossé à l’ouest face au Mont Feron. Venant de la campagne un glacis assure la liaison avec la ville, il débouche sur un chemin couvert protégé par une palissade et qui forme à différents endroits, une place d’armes à l’avant du fossé ; la contre-escarpe fait face à l’escarpe de l’autre côté du fossé. » (Bulletin du Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath, vol. 11, nos 239-240,‎ 2007, p. 97-150).  Le gros œuvre de la fortification s’achève en 1671, débute alors l’érection des bâtiments militaires, arsenal, magasins à poudre, dans la basse-Cour du Château fortifié, bourg médiéval et deux arsenaux dont un aurait brûlé, lors du siège précité et trois magasins à poudre dans les bastions de Limbourg, de Namur et Hainaut (300 barils de poudre dans un bâtiment voûté à l’épreuve des bombes, chacun)  casernes et guérites dont les brouillons de dessins montrent des normes en pleine gestation: des fleurs de lys en ronde-bosse, des cartouches armoriés ornent encore toitures et culots, les dimensions et l’organisation interne des magasins à poudre varient de l’un à l’autre (deux nefs voûtées d’arêtes). Vauban expérimente également une nouvelle façon d’établir des pilotis de fondation afin d’économiser boisage et argent.  Les terrains non bâtis intégrés dans le périmètre défensif ne sont toutefois pas urbanisés comme à Lille : des casernes y trouvent place contre le rempart, le reste sert de plaine d’exercice à la garnison (1′ « esplanade »). Un plan non daté de la fin du XVIIe siècle montre quatre pâtés de maisons de la « ville neuve », idée restée théorique. Apparaît également un projet de camp retranché sous la nouvelle place forte, alors que le « Traité de la fortification de campagne, autrement des camps retranchés» n’est rédigé par Vauban qu’en 1705, reprenant certaines études des années 1690.  Les fortifications seront remises aux Espagnols dans la cadre du traité de Nimègues en 1678. En 1697, les troupes françaises sont devant Ath. Le commandant de la force de siège, le maréchal Nicolas de Catinat et son chef ingénieur maréchal Vauban avaient une solide relation de travail et entendent coopérer en toute transparence pendant le siège. Catinat avait 50 bataillons et comme de nombreux escadrons de cavalerie (40 000 hommes). Vauban était secondé par Jean de Mesrigny et 62 ingénieurs. Les Maréchaux Boufflers et Villeroy commandaient les forces de deux couverture soit 140 000 hommes. Le 22 mai, à 19 h, la première tranchée parallèle est ouverte contre la partie orientale de la ville. Au siège de cette place, il perfectionne les procédés du tir à ricochet. Il y reçoit une nouvelle blessure. Le 5 juin, la 3ème parallèle est mise en œuvre et la garnison se rend. Le siège a été salué par les contemporains de Vauban comme un des sièges les plus efficace pour sa vitesse, son faible coût et de la modernité des fortifications conçues 25 ans plus tôt par celui qui venait de prendre la place. La place connaitra un autre siège par les Alliés commandés par Marlborough en 1706 et une fois encore par les Français en 1745. Cette imposante enceinte comprend huit bastions, reliés par des courtines, elles-mêmes protégées par des tenailles et des demi-lunes. La place forte sera démantelée après le siège de 1745. État patrimonial : peu représentatif. Quelques vestiges archéologiques d’une porte et d’un bastion en fondations, mis au jour il y a quelques années5. Ce qui subsiste en élévation date du XIXe siècle et de la reconstruction hollandaise.

BOUILLON   :

La fortification de Bouillon étaient, avec le comté de Verdun, le noyau central des possessions de la dynastie des Ardennes-Bouillon, et ils combinaient leur territoire avec une mixture complexe de fiefs, de terres allodiales et d’autres droits héréditaires à travers toute la zone. Un exemple de cela est l’avouerie du monastère de Saint-Hubert, qui a été donné à Godefroy II par le prince-évêque de Liège. La fortification de Bouillon étaient, avec le comté de Verdun, le noyau central des possessions de la dynastie des Ardennes-Bouillon, et ils combinaient leur territoire avec une mixture complexe de fiefs, de terres allodiales et d’autres droits héréditaires à travers toute la zone. Un exemple de cela est l’avouerie du monastère de Saint-Hubert, qui a été donné à Godefroy II par le prince-évêque de Liège. Le plus connu des seigneurs de Bouillon était Godefroy de Bouillon qui vendit Bouillon à la principauté de Liège. Les évêques commencèrent alors à s’appeler eux-mêmes Ducs de Bouillon, et la ville devint la capitale d’un duché souverain. Le château médiéval est modernisé au mieux de 1547 à 1550 par l’ingénieur italien Alessandro Pasqualini.  Vauban visite Bouillon en décembre 1676 : « J ‘ai employé le jour que je devais séjourner à Sedan à aller voir Bouillon, qui est une grosse et vieille gentilhommière des siècles passés, qui sent assez sa petite souveraineté; son apparence est ridicule et méprisable à ceux qui ne font que la découvrir de loin; mais c’est en effet une très bonne situation sur laquelle, à peu de frais, on peut faire une excellente place ». Trois ans plus tard, après la prise Bouillon par la France et son attribution à la famille La Tour d’Auvergne, il est chargé des aménagements à entreprendre pour améliorer la défense du château et de la ville. Sous sa direction, c’est l’ingénieur Choisy qui est chargé de conduire les travaux sur place. Parmi les éléments défensifs érigés se trouvent de nouveaux murs de fortification, des portes et neuf bastions. À l’extrémité du méandre de la Semois, Vauban a prévu la construction de deux grandes casernes et d’un magasin pour les vivres et les fourrages. Chaque caserne possède deux étages et un immense grenier à grains. Le rez-de-chaussée est occupé  par les écuries. Le duché était prisé pour sa position stratégique en tant que « clé des Ardennes » (appelée ainsi par Vauban, le grand architecte militaire de Louis XIV, qui entoura Bouillon d’une enceinte laquelle fut rasée au XIXe siècle) « Vauban a expérimenté pour la première fois son système de tours bastionnées. Par rapport au système précédent de bastions remplis de terre, il permettait de protéger des canons et fantassins dans des casemates, de multiplier les lignes défensives, et de s’implanter sur des surfaces étriquées » souligne Philippe Bragard, il intègre la ville dans le système de défense du château (meurtrières, pont levis, etc.). La transformation de cette petite ville en une place forte digne de ce nom est l’œuvre de Vauban qui s’y révèle extrêmement original. En 1677, c’est d’abord Thomas de Choisi qui donne un projet, vite amendé car sans doute trop coûteux : il s’agissait en effet de clôturer la boucle de la rivière par une enceinte irrégulière à quatorze petits bastions. Vauban préconise en 1679 un tracé plus régulier, collant à la rivière, flanqué de neuf tours bastionnées, dont il crayonne un croquis au verso de son projet dessiné à l’encre. C’est la première occurrence de ces flanquements à l’empattement réduit, qui conviennent à des sites où la place manque. Comme la rivière est étroite et l’endroit entouré de crêtes boisées où il est quasi impossible d’amener du canon, ces tours sont simplement crénelées pour des feux d’infanterie et non voûtées. Le deuxième niveau est couvert d’une toiture à cinq pans. Au château, il s’agit de réaménagements : parapet à créneaux de fusillade triples, grand magasin à poudre, casernes et surtout surcreusement des fossés et raidissement de leur pente. L’ingénieur Cladech y œuvre jusqu’en 1693.   Bouillon est resté un protectorat quasi indépendant, comme Orange ou Monaco, jusqu’en 1795 quand l’armée républicaine l’a finalement annexée à la France. En 1814, Bouillon resta française, dans le département des Ardennes. En 1815, au second traité de Paris, elle fut rattachée au Grand-Duché de Luxembourg créé par le Congrès de Vienne. Le Grand-Duché, qui avait été attribué en toute propriété à Guillaume Ier des Pays-Bas, vivait donc en union personnelle avec le Royaume des Pays-Bas réunis. Suite à la Révolution belge (1830-1839), dans laquelle le Luxembourg fut entraîné, on en vint à partager le Grand-Duché en deux: l’ouest roman (avec Bouillon) plus une partie du territoire d’expression francique (le Pays d’Arlon notamment), forma une nouvelle province intitulée Province de Luxembourg, et l’est – intégralement d’expression francique (Lëtzebuerger Däitsch) – resta acquis, toujours en tant que Grand-Duché de Luxembourg, au roi grand-duc Guillaume Ier et à ses successeurs. Très représentatif, première application des tours bastionnées sur une enceinte urbaine. Château : parapets crénelés à meurtrières triples, grand magasin à poudre, casernes, escalier de la troisième entrée, fossés taillés dans le rocher. Enceinte urbaine : casernes transformées en logements sociaux, trois tours bastionnées conservées dont deux percées pour le passage de la route.

CHARLEROI   :

Par le traité des Pyrénées de 1659, la frontière entre la France et les Pays-Bas espagnols est modifiée. Plusieurs places-fortes deviennent françaises laissant entre Mons et Namur un large couloir sans défenses en direction de Bruxelles. Dès l’année suivante, en 1660, le gouverneur des Pays-Bas espagnols, Luis de Benavides Carrillo, charge trois ingénieurs H. Jannsens, Salomon Van Es et Jean Boulanger, de prospecter sur le cours de la Sambre, un endroit pouvant convenir à la construction d’une forteresse pour fermer la trouée de l’Oise. Le village de Dampremy est un des rares endroits pouvant convenir. Il se situe sur la Sambre, appartient au comté de Namur et donc aux Pays-Bas et non à la Principauté de Liège. L’affaire traine un peu, mais en 1664, le marquis Francisco de Castel Rodrigo devient gouverneur, et il veut renforcer les défenses militaires. D’autant plus que la menace française se précise. À la mort du roi Philippe IV d’Espagne le 17 septembre 1665, Louis XIV fait valoir les droits de son épouse et fille de Philippe IV, Marie-Thérèse, sur les Pays-Bas : ce sont les prémisses de la guerre de Dévolution. Francisco de Castel Rodrigo charge donc Salomon Van Es de dresser les plans d’une forteresse sur la Sambre. Lorsque l’ingénieur remet son projet, ce n’est pas à Dampremy qu’il propose d’installer la forteresse mais dans le petit village à côté, Charnoy. Situé dans une boucle de la Sambre, dominé par un plateau cerné de trois côtés par des pentes abruptes, l’endroit offrait des conditions stratégiques idéales. En juillet 1666, la population de Charnoy est évacuée et tout ce qui peut gêner les travaux est démolis. Les adjudications des travaux sont terminées le 10 août et les tâches répartis entre 14 entrepreneurs. La gestion des finances est confiées à Pontian d’Harscamp, receveur général de Namur, et à son père Vincent. Les arbres et haies sont abattus pendant la seconde moitié du mois d’août.  Plusieurs places-fortes deviennent françaises laissant entre Mons et Namur un large couloir sans défenses en direction de Bruxelles. Le marquis Francisco de Castel Rodrigo, gouverneur des Pays-Bas en 1664, veut renforcer les défenses militaires. Le village de Charnoy, le long de la Sambre, est un des rares endroits propices à l’installation d’une forteresse et appartenant au Comté de Namur (donc aux Pays-Bas). Le gouverneur générale installe trois régiments d’infanterie dans la vallée du ruisseau de Lodelinsart, une unité de cavalerie à Fleurus et une compagnie de gardes dans les villages voisins. Il fait aussi venir des munitions et 27 pièces d’artillerie. Lui-même s’installe à Dampremy le 15 septembre. Dès lors, les travaux s’accélèrent.  Plus de 900 ouvriers répartis en 14 équipes de 30 à 130 personnes, sont engagés de gré ou de force. Pour hâter la construction, toute la circulation du comté est paralysée. Les eaux des affluents et des étangs sont lâchées pour grossir la Sambre qui sert à l’acheminement de pierre de taille depuis Dinant et Namur. Les abbayes doivent laisser le passage dans leurs eaux. L’abbaye de Soleilmont reçoit l’ordre d’accommoder le chemin royal de Fleurus. La région de Fleurus fournit la chaux jusqu’à la construction de chaufours à Charleroi même. Au début de 1667 se dresse une enceinte hexagonale munie de six bastions et des murailles hautes d’une dizaine de mètres. Il y a quatre demi-lunes. L’intérieur de la place n’a aucun aménagement excepté un puits et quelques maisons de terre. Vers mars ou avril, l’église du village de Charnoy, toujours debout, est rasée et le vallon de Lodelinsart est coupé et mis sous eau. Le 7 avril, commence la construction des contrescarpes et des palissades. Le 2 mai commence la construction d’un ouvrage à corne vers le sud-ouest, mais cet ouvrage ne sera pas achevé. Dès le début de la construction, informé par des espions, Louis XIV décide de prendre Charleroy. Devant la menace, Castel Rodrigo envisage d’abandonner et même de démolir la forteresse qui a coûté 28 % de la recette moyenne pour les années 1665 à 1667. Les derniers soldats espagnols quittent les lieux le 27 mai 1667. Le 10 mai 1667, Turenne prend le commandement d’une armée de 50 000 hommes en Picardie. Le 20, le roi rejoint ses troupes et le 21, l’armée entre en campagne et envahit les Pays-Bas. Elle arrive devant Charleroi le 31 et y découvre un paysage désolé dont elle prend possession sans coup férir. La prise est cependant importante car Charleroi constitue une tête de pont sur la rive gauche de la Sambre en direction du Brabant. Le 2 juin, Louis XIV entre dans Charleroi et en ordonne la reconstruction. Les ouvrages d’art sont alors parfaits et agrandis par Thomas de Choisy, Vauban donnant quelques indications pour les demi-lunes au nord et à la ville basse. Par la paix d’Aix-la-Chapelle, Charleroi est attribuée à la France et Louis XIV accorde des privilèges aux habitants de la nouvelle ville en vue de la développer. Les ouvrages d’art sont alors parfaits et agrandis par Thomas de Choisy, Vauban donnant quelques indications pour les demi-lunes au nord et à la ville basse. Par la paix d’Aix-la-Chapelle, Charleroi est attribuée à la France et Louis XIV accorde des privilèges aux habitants de la nouvelle ville (terrain offert gratuitement, primes à la construction, etc.) en vue de la développer. En 1671, Vauban fournit le plan des portes monumentales. Il propose de bâtir des nouvelles redoutes détachées sur les étangs à l’est et à l’ouest de la ville, outre un pont sur la Sambre: leur réalisation est postposée; elle intervient en tout cas avant 1678 et la restitution de la ville à l’Espagne comme l’indiquent les plans manuscrits. En 1672, Vauban dessine le plan d’un quartier neuf, la ville basse, sur la rive droite de la Sambre. L’enceinte formant un trapèze à trois bastions à flancs droits est achevée en 1675. Commence alors le lotissement en damier irrégulier, trame préférée par Vauban qui a critiqué le parti de la ville haute.  En 1673, la ville s’étend sur la rive droite de la Sambre, qui deviendra la « ville basse », par opposition à la forteresse existante placée sur les hauteurs, portant logiquement le nom de « ville haute ». Des redoutes carrées sont ajoutées ensuite par Vauban, à l’extérieur des glacis, afin de défendre les zones inondables. La ville est assiégée à plusieurs reprises avant d’être concédée à l’Espagne par le traité de Nimègue de 1678. En 1692, la ville est bombardée par les armées françaises, puis l’année suivante, elle est prise par Vauban, sous le regard de Louis XIV qui en reprend le contrôle. Pour la première fois, les troupes françaises sont équipées de fusils conformes aux souhaits de Vauban. Ce dernier ne se résout en effet pas à perdre la place qui verrouille Sambre et Meuse et représente un poste avancé vers Bruxelles. C’est Thomas de Choisy qui dirige ces travaux, spécialement mandaté par Louvois bien que l’ «Abrégé des services du maréchal de Vauban », rédigé en 1703, mentionne la participation du grand ingénieur aux fortifications de Charleroi en 1668, il ne semble intervenir de façon créatrice qu’après 1672. Vauban est en charge de développer la ville dont il agrandi les limites. Il établira deux projets en partie réalisés en 1693 (3 novembre) et 1696 (16 mars et 25 août). Un plan-relief de la ville de Charleroi a été établi en 1695. Il est conservé et exposé au sous-sol du Musée des Beaux-Arts de Lille. Il est composé de 4 tables en bois pour un total de 4 x 3 m à l’échelle 1/600°. Une copie se trouve dans l’Hôtel-de-Ville de Charleroi. Prise et reprise, elle passe aux Espagnols au Traité de Ryswick (1697), retourne à la France, est occupée par les Provinces-Unies puis restituée au Saint-Empire par le Traité de Baden (1714). Elle est reprise par le prince de Conti en 1745. Finalement elle est rendue au Saint-Empire en 1748, à la condition que les forteresses soient démantelées. La ville connait alors 45 ans de prospérité, sous Joseph II. En décembre 1790 commence la révolution brabançonne et Charleroi connaît une nouvelle période de troubles : les Impériaux occupent la ville le 25 décembre; ils cèdent la place aux vainqueurs français de Jemappes le 8 novembre 1792 (les Français l’occupent le 12 novembre 1792) avant de la reprendre le 28 mars 1793 (les Français l’ayant abandonnée le 25 mars 1793 après la défaite de Neerwinden). Charleroi, dès l’arrivée des Français, proclame sa sécession du Comté de Namur. Elle demande plus tard, alors qu’il est question de créer les États belgiques unis, d’être plutôt rattachée directement à la France. En 1794, le général Charbonnier met le siège devant la ville mais est repoussé. C’est Jourdan qui parvient à prendre la place après six jours d’un bombardement intensif. C’est pendant la prise de Charleroi et la bataille de Fleurus qu’on eut recours pour la première fois à l’observation aérienne, depuis Jumet (lieu-dit Belle-Vue), d’un champ de bataille depuis un aérostat. Sous le régime français révolutionnaire, la ville changera de nom à plusieurs reprises : Char-sur-Sambre, Charles-sur-Sambre et encore Libre-sur-Sambre, entre les 25 juin 1794 et 8 mars 1800. Peu avant la bataille de Waterloo de 1815, les Carolorégiens très « francophiles » accueillent avec enthousiasme les troupes françaises qui récupèrent la cité faisant désormais partie du « Royaume uni des Pays-Bas ». Mais Napoléon essuie une défaite plus au nord, à la célèbre bataille de Waterloo, le 18 juin 1815. Quarante-huit heures plus tard, Charleroi recueille les débris de la Grande Armée ; le 19 juin à 5 heures, Napoléon est dans la ville avant de continuer vers Paris. Pour se protéger de la France, la ville se verra dans l’obligation de construire de nouveaux murs qui la tiendront dans un étroit carcan pendant cinquante ans. En 1914, la ville échappe à la destruction complète moyennant le payement d’une lourde indemnité de guerre imposée par le général Max von Bahrfeldt.

DINANT  :

Vers 1040, un château épiscopal domine l’actuelle citadelle. sa position en bordure des deux pays ennemis, chacun sur une rive de la Meuse, scellera son destin dans l’opposition constante entre l’Est germanique et l’Ouest latin. En effet, la rive gauche du fleuve est alors en terre namuroise, tandis que la rive droite, qui accueille Dinant, est en terre liégeoise – mais aux confins de celle-ci. Verrou sur la Meuse, la ville est aux premières loges d’un conflit politique qui trouve un prolongement dans la batterie du cuivre et la production de laiton : Bouvignes la namuroise, sur la rive opposée, possède en effet d’importants gisements de derle, la terre blanche utilisée par les dinandiers pour former leur moules. Cette même dinanderie apportera une immense fortune à la ville. Souvent citée comme la plus méridionale des villes de la Hanse teutonique, Dinant n’en fit cependant pas exactement partie. Ces tensions entre Est et Ouest trouveront leur point d’orgue en 1466. Entre le 18 août et le 25 août 1466 la ville de Dinant subit un siège des armées du Duc de Bourgogne Philippe le Bon. En seulement 8 jours la ville tombe, c’est Charles le Téméraire, comte du Charolais, qui mène les troupes. Philippe le Bon refusant d’entrer dans Dinant, la ville est livrée au pillage et au massacre. . En 1554, ce sont les troupes du roi de France Henri II ; en 1675 et en 1692, celles de Louis XIV. Ce dernier fit d’ailleurs entreprendre de grands travaux de réaménagement et de fortifications de la citadelle par Vauban.  Prise en 1675, Vauban a fait d’emblée des premiers travaux au château pour l’utiliser comme caserne. Mais en 1684, un ouvrage à couronne double déjà le vieux château et des galeries de contre-mines courent sous les glacis en 1677. La campagne principale se situe toutefois à partir de 1690 : un second ouvrage à cornes au tracé irrégulier s’étend à l’est du premier, et un vaste ouvrage à couronne somme le plateau voisin au nord. Vers le sud, le plateau est couvert de lunettes détachées, et en 1695, Vauban fait bâtir des redoutes casematées identiques à celles qu’il a trouvées à Luxembourg ; il emprunte à l’ennemi un organe efficace et retardateur dans un siège. Ses collaborateurs sur place, Cladech jusqu’en 1693, puis Filley, suivent fidèlement ses instructions. Dès 1679, Dinant est intégrée dans le « Pré carré » constitué d’une double ligne de forteresses entre la Meuse et la mer du Nord. Les grands travaux de fortifications dans la cité ne débutent qu’en 1680. La même année, Louis XIV donne son accord afin que débute la construction d’un « château-neuf », dans le prolongement du vieux château, proposé par Vauban. En raison de son relief particulier, les nombreux problèmes que pose la fortification dinantaise sont étudiés et résolus grâce à une étroite collaboration entre Vauban et l’ingénieur Cladech qui reste sur place. L’enceinte du faubourg Saint-Médard, sur la rive gauche, se voit renforcée par l’édification de nouvelles redoutes. Au nord, la porte Saint-André est complétée par une demi-lune et des fossés alimentés par les eaux de la Meuse. Pas moins de deux redoutes sont construites en contre-haut de la tour Taravisée et de l’église Saint-Pierre, à la limite du plateau de Malaise. Au sud, la pointe de l’île et la porte Saint-Nicolas sont protégées par un petit ouvrage à cornes. Alors que le projet du « château-neuf » n’est pas encore terminé, les Français envisagent de fortifier le plateau de Malaise, estimant que l’ennemi pourrait utiliser ce replat naturel comme plateforme d’artillerie (ce qui avait été le cas en 1554). La configuration du site de Dinant ne manque pas de susciter l’étonnement de Louis XIV au point qu’il se fait apporter le plan en relief de la ville pour examiner toutes les possibilités de fortifications nouvelles. Vauban se rend à Dinant à la fin du mois de septembre 1691. Il y rédige un projet réaliste mettant en évidence les défauts et les avantages de la fortification de la cité qu’il juge peu propice à une mise en défense. Il suggère de bâtir une couronne formée de deux fronts bastionnés d’environ 240 m de long chacun sur le plateau de Malaise. Il ne manque pas de faire remarquer qu’une ville traversée par un fleuve ne peut être efficacement protégée que si les deux rives sont solidement défendues. Avec la prise de Namur par Louis XIV en 1692, Dinant perd sa position stratégique au bénéfice de Namur.  Alors que les travaux d’amélioration des fortifications de Dinant tournent au ralenti, un traité de paix est signé à Ryswick en 1697 qui stipule que la ville de Dinant doit être rendue à la principauté de Liège dans l’état dans lequel elle se trouvait avant l’arrivée des Français en 1675. C’est alors qu’est organisé le démantèlement. Les Français mettent un zèle particulier à abattre tout ce qu’ils avaient érigé mais des protestations s’élèvent… les autorités de la ville prétendent qu’on démolit beaucoup trop. Mais les discussions les plus âpres portent avant tout sur le pont que les Français avaient rebâti. Le concert de réclamations des magistrats de la ville ajouté à celui du prince-évêque n’a d’autre effet que de limiter sa démolition. Un château et des portions de l’enceinte urbaine ruinées, un pont inutilisable.. Il faudra alors attendre 1817 et l’occupation hollandaise pour qu’un nouveau fort soit construit.

HUY  :

Aprement disputée depuis plusieurs décennies (six sièges de 1675 à 1705), Huy restera toujours aux yeux de Vauban « un trou imparfait » et « une malheureuse bicoque ». Reprise en 1693, blottie au confluent du Hoyoux et de la Meuse, et enserrée de collines escarpées dont une porte le vieux château épiscopal, la petite cité est en effet très difficile à fortifier correctement. Cependant et malgré les avis de Vauban, à l’insistance du comte de Guiscard, Mesgrigny et Filley renforcent le château par des ouvrages irréguliers que le commissaire général des fortifications ne valide pas. Au contraire, il ne cesse de préconiser l’abandon de cette place et le rasement des ouvrages existants, comme il l’avait fait pour Mariembourg vingt ans plus tôt. Rien ne subsiste des travaux des ingénieurs français sinon des traces informes sur les hauteurs boisées entourant la ville.

LIMBOURG  :

Les plans sont relevés au 27 juin 1702. Ce sont à ce stade les plans du siège de septembre 1703 et ceux levés dans la foulée par les ingénieurs au service des troupes alliées qui permettent d’affirmer que Vauban y a apporté des améliorations aux fortifications. Au sud et à l’ouest, un chemin couvert à traverse précède désormais le corps de place qui est lui-même régularisé sur le front d’attaque principal. il s’agit bien de réparations et d’aménagements presque de fortune, dans des temps de crise. Subsistent des murs de soutènement de la ville haute, éléments des remparts, un magasin à munitions et des casernes fortement transformées en habitations.Subsistent des murs de soutènement de la ville haute, éléments des rem-parts, un magasin à munitions et des casernes fortement transformées en habitations.

MONS :

À l’époque romaine, une garnison se serait établie sur la colline montoise. D’après certains auteurs, se fondant sur deux textes médiévaux (une vita de sainte Aldegonde du VIIIe siècle et le testament d’Anségise, abbé de Fontenelle), le quadrillage caractéristique des camps romains se retrouverait dans la topographie actuelle de la ville. Le site devient un enjeu militaire à la suite de l’implantation des Vikings à Condé-sur-l’Escaut en 876. Le site devient un enjeu militaire à la suite de l’implantation des Vikings à Condé-sur-l’Escaut en 876. Cette même année 1290, Jean II d’Avesnes construit la deuxième fortification qui, à la différence de la première, défend aussi la ville et non plus seulement le château : cette enceinte urbaine (frumeteit ou fermetei(t) en picard montois) est percée de six portes. Seule la Tour valenciennoise (1358) subsiste actuellement. Guillaume le Bon, fils et successeur de Jean II, permet au commerce de s’épanouir dans la ville. En 1655, la ville est assiégée par l’armée française : les opérations de siège sont dirigées par le chevalier de Clerville : elles commencent le 15 août et la ville tombe le 18. En 1678, au cours de la Guerre de Hollande, le maréchal de Luxembourg assiège Mons. À la suite de la bataille de Saint-Denis, le siège finit par être levé. Du 15 mars au 10 avril 1691, lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg, la ville est à nouveau assiégée par les troupes du maréchal de Luxembourg, en présence de Louis XIV, Vauban dirigeant les travaux de siège. A ce siège l’Artillerie française employa un mortier qui lançait des bombes de 500 livres.  La ville tombe et Louis XIV nomme gouverneur Nicolas de La Brousse, comte de Verteillac. Vauban est chargé d’améliorer le système défensif de la ville.   Vauban renforce par un nouvel ouvrage à cornes la porte de Bertaimont qui avait beaucoup souffert durant le siège. Il transforme les ouvrages en queue d’aronde des portes du Parc et des Guérites en de puissants ouvrages à cornes avec demi-lunes. Il perfectionne l’ouvrage à cornes de la porte d’Havré. Pour assurer une meilleure défense face au mont Saint-Lazare qui domine la ville, il ajoute trois ouvrages à cornes échelonnés qui viennent s’appuyer sur le système défensif existant de la porte de Nimy. Il ajoute quatorze bastions détachés et amplifie ceux qui existaient devant la porte de Bertaimont. Il prévoit en outre neuf redoutes pentagonales entourées d’eau pour soutenir les ouvrages extérieurs et défendre les accès de la place. Quatre d’entre elles seront construites dont deux encadrent la porte du Rivage et deux autres, celle de Bertaimont. De plus, quatre redoutes carrées doivent défendre le canal de dérivation de la Haine depuis la prise d’eau de Nimy jusqu’aux fossés de la ville. Sur la Trouille, un ouvrage défensif, élevé à proximité du moulin Saint-Pierre, contrôle les inondations à l’est de la cité. Pour accéder aux redoutes isolées dans les marais bordant la place, Vauban prévoit un système de navette au moyen de petites barques plates, halées sur le canal reliant chaque redoute au fossé. Quant au moulin d’Épinlieu (Pinlieu sur le plan) situé à l’ouest de la cité, il est protégé par un ouvrage à cornes contrôlant le pont sur la Haine qu’emprunté le chemin allant de Mons à Tournai. Deux redoutes carrées viennent compléter ce dispositif. À l’intérieur des fortifications, Vauban ajoute aux casernes existantes six casernes de cavalerie et trois d’infanterie. Cinq d’entre elles sont construites à côté des casernes espagnoles édifiées en 1676 non loin de la porte de Nimy. Les quatre autres ne figurent pas sur le plan de Nicolas De Fer : deux d’entre elles sont établies près de la porte du Parc et les deux dernières, près de celle d’Havré. La capacité d’hébergement est ainsi portée à 7400 fantassins, qui occupent des lits de deux à trois places et à 2500 cavaliers et leur monture.  Vauban envisage encore la construction d’une citadelle polygonale, adossée au rempart médiéval et destinée à renfermer toutes les grosses munitions de la place et des vivres dedans. Des terrains bas, qui s’étendent au sud de la Trouille et englobent l’abbaye du Val-des-Écoliers ainsi que le béguinage de Cantimpret, lui semblent les plus appropriés, car ils constituent 1’espace le plus vuide, le moins habité, le plus mal sain et le plus inutile de la ville, puisqu’il n’est peuplé que de moines et de jardins. Le projet qui apparaît ici comme sur de nombreux plans contemporains, ne sera pas exécuté en raison de son coût exorbitant. Fort heureusement d’ailleurs, car il aurait nécessité l’arasement de la butte du château pour constituer l’assise de la citadelle. Au sud de la ville, une citadelle-réduit projetée n’est pas construite. En 1696, Vauban propose sans plus de succès d’établir un camp retranché sur le mont Panisel et le Bois-de-Mons. Les travaux sont presque menés à leur terme lorsqu’en 1697 les Français quittent la ville que le traité de Rijswijk rend à l’Espagne. De 1701 à 1713, la France occupe à nouveau la ville (guerre de Succession d’Espagne). Les Traités d’Utrecht et de Rastatt font entrer la ville dans le giron des Habsbourg d’Autriche. La place-forte est toutefois contrôlée par des troupes des Provinces-Unies. En 1718, le pouvoir, représenté par la cour souveraine du Hainaut, quitte le château qui, par faute d’entretien, se dégrade. Le site est rasé au XIXe siècle, seuls la chapelle Saint-Calixte (XIIIe siècle), la conciergerie et le beffroi étant préservés : un parc public y est inauguré le 10 juin 1873. En 1747, Louis XV conquiert la ville et la garde jusqu’en 1748, où elle est restituée à l’impératrice Marie-Thérèse par le Traité d’Aix-la-Chapelle (1748) qui met fin à la guerre de Succession d’Autriche

NAMUR  :

Les premières fortifications sur l’éperon rocheux qui deviendra la citadelle sont de la fin du IXè.  Coehoorn  se distingue tout particulièrement à la bataille de Fleurus en 1690, ainsi qu’en 1692 pendant le siège de Namur, une forteresse de sa propre création. Namur fut prise par Vauban, mais Coehoorn eut sa revanche trois ans plus tard quand la même place-forte, sur laquelle entre-temps Vauban avait apporté ses améliorations, tomba sous son attaque.  Vauban tient le siège de la ville et de la citadelle devant le Roi en 1692. il prit la place en 30 jours de tranchée ouverte, et n’y perdit que 800 hommes, quoiqu’il s’y fût fait cinq actions de vigueur très-considérables. Vauban est à Namur au commencement de l’année 1703 et il y donnait ordre à des réparations nécessaires, lorsqu’il apprit que le Roi l’avait honoré du bâton de maréchal de France. Il l’agrandira pour en faire une des plus grande d’Europe avec une superficie de 80 hectares. Sous les ordres de Vauban, les français bâtissent un arsenal (le seul du temps conservé en Belgique) , creusent des centaines de mètres de casernes et de magasins souterrains pour la protection de la garnison en temps de siège, édifient des forts détachés pentagonaux aux plans atypiques dirigés par le terrain, soit avec corps de garde casematé, soit avec galeries de tir crénelées dans les courtines, en suivant scrupuleusement les directives de Vauban. Faute de temps et d’argent, le projet demeure largement inabouti au siège de 1695 : des ouvrages à cornes et une tête de pont ne voient pas le jour. Le réseau de souterrains qui se développe sous la citadelle sur 4 km est le fruit de multiples campagnes de construction, d’agrandissement, de reconstruction et d’aménagement. Il en résulte un ensemble à la fois très complexe mais également très complet. La philosophie générale de restauration est de maintenir l’ensemble dans son état actuel, en tenant compte de toutes ces modifications, sans chercher à retrouver un état d’origine qui gommerait l’histoire des galeries. Comme le souligne Ph. Bragard, Namur est « plus un lieu mémoriel, en tant que siège où Vauban a rencontré son adversaire personnel le plus réputé, le Hollandais Menno van Coehoorn ». Jusqu’à l’indépendance de la Belgique, Namur ne cessera de changer de mains. Convoitée par tous pour sa situation stratégique, prise et reprise, la ville fera successivement partie du Saint-Empire et la restera sous la domination des comtes de Namur, puis sous celle de leurs successeurs les Habsbourg d’Espagne puis d’Autriche, ensuite sous la république et l’empire français et le Royaume uni des Pays-Bas. Après l’indépendance de la Belgique, les forces armées vont rester sur ce site, qui ne sera partiellement démilitarisé qu’à partir de 1891 par Léopold II. De grands travaux d’aménagement de la citadelle sont alors entamés. En 1975, le Ministre de la Défense rend à la ville les clés de la citadelle et en 1977, les paracommandos quittent les derniers bastions.

PHILIPPEVILLE  : 

Ville créée en 1555 par décision de Marie de Hongrie, sœur de l’Empereur Charles-Quint et gouvernante des Pays-Bas espagnols. Il s’agit, pour les Habsbourg, de contrer les incursions françaises par la construction de deux nouvelles forteresses : le fort de Charlemont, près de Givet, sur la Meuse, et Philippeville qui porte le nom du fils aîné de l’Empereur. L’ingénieur Van Noyen en trace la forme en pentagone. Une inscription sur un pilier de l’église rappelle que c’est le 1er octobre 1555 que furent « jetés » ou terminés les plans de la ville… Quatre mois plus tard, le colonel Lazare de Schwendi, 1er gouverneur de la ville, en prend possession avec ses troupes allemandes. En 1659, à la suite du traité des Pyrénées entre la France et l’Espagne, la ville passe sous domination française. C’est Jean Talon, futur intendant du Canada français, qui en reçoit les clés le 4 mai 1660. Dès 1668, Vauban est chargé par Louis XIV de faire de la ville « une ville de guerre respectable et capable d’empêcher l’ennemi de pénétrer dans cette partie de la France ». À Philippeville, à partir de 1671, l’ingénieur Lacoste exécute les projets de Vauban: tenailles bastionnées détachées devant les courtines, demi-lunes à réduit et flanquées de lunettes, deux magasins à poudre aux proportions désormais standard (20 m sur 8 m, voûte en berceau brisé du premier modèle) et autres bâtiments militaires. La comparaison des plans successifs de la ville fortifiée autorise cette datation précise, comme les rapports conservés à Vincennes . « Il n y a point de place en France où les ouvrages soient plus soigneusement conservés qu’à Philippeville ; aussi les chemins couverts y sont-ils unis et aussi propres que le plancher d’une chambre» écrit Vauban à Louvois en 1672. Il est possible que les premières galeries de contremines remontent à cette phase de travaux, comme sans doute également à Charleroi: début novembre, Vauban missionne son collaborateur l’ingénieur Paul pour voir « les avenues de Charleroy, Philippeville, Le Quesnoy et la citadelle d’Arras, qu’il trouve très propres à contreminer ». Le 15 août 1680, accompagné de la reine, du dauphin et de la dauphine, Louis XIV fait son entrée dans la ville où il passe un jour et une nuit. Vauban apporte toutes les modifications à la Forteresse de Philippeville. Il en développe les moyens de défense et il accentue la forme étoilée du Site. Le réseau des galeries de contre-mines est considérablement amplifié entre 1690 et 1696 pour atteindre une dizaine de kilomètres  et si Vauban refuse la ligne avancée de lunettes proposée par son collaborateur, il fait retrancher tous les bastions, soit par un front bastionné en réduction, soit par une tour bastionnée. Dans son traité de la défense des places mis au net en 1706, il systématise d’ailleurs ce dispositif qui détache, en quelque sorte, les bastions du corps de place et ajoute ainsi une ligne de défense supplémentaire. En 1790, la ville est versée dans le département des Ardennes, elle porte quelques mois à partir de pluviôse an II (février 1794) le nom révolutionnaire de Vedette républicaine et ses rues sont renommées : Surveillance, La Montagne, Sans Culottes, Réunion, Marat … Le 18ème siècle verra une quantité importante de logements privés, transformés et construits Au lendemain de Waterloo, Napoléon fait une halte de quelques heures dans la ville. Le 21 juin 1815, la 8e brigade prussienne assiège la ville qui ne se rend que le 8 août ; deux jours plus tard, la garnison défile par la porte de France et dépose les armes sur le glacis tandis que 150 hommes peuvent se retirer, en emportant deux canons. Le 30 septembre 1830, dans le cadre de la Révolution belge, la population désarme la garnison hollandaise. Dans la seconde moitié du 18ème siècle, apparaissent aussi bon nombre de bâtiments militaires, plus ou moins conservés, ainsi que bon nombre de logements privés. Enfin, les fortifications furent partiellement démantelées, en 1820 et elles disparaissent complètement, en 1853. De 1853 à 1856 est menée à bonne fin la démolition des ouvrages de fortification. . Il subsiste encore  quelques traces sur le terrain au nord et au sud-est de la ville ; une partie du réseau souterrain. 22 bornes dispersées un peu partout dans la ville.  

SAINT GHISLAIN :  

Sa situation à proximité de la capitale du Hainaut (Belgique) et sa position sur la Haine conférèrent à la ville une i’importance stratégique qui lui valut la construction de fortifications en 1366 par Albert de Bavière. Saint-Ghislain devint ainsi une place forte importante qui eut toujours une garnison considérable. siège conduit par Vauban en 1656. En 1581, c’est le siège des Huguenots qui se livrèrent au pillage. En 1589, Saint-Ghislain qui était un secours de la paroisse d’Hornu devint alors une paroisse distincte et acquit son indépendance et accéda au rang de ville. En 1655 ce fut le siège de Turenne et La Ferté (Vauban y participe sans commander). Les opérations de siège sont dirigées par le chevalier de Clerville : elles commencent le 22 août et la ville tombe le 25. La prise de la ville est suivie de l’entrée de Louis XIV, alors âgé de dix-sept ans. L’année suivante, la ville est assiégée sans succès par les Espagnols, qui réussissent en 1657, sous la conduite de Don Juan d’Autriche, à la reprendre. En 1677, le retour des Français avec le maréchal d’Humières qui s’en rendit maître (le siège est conduit par Vauban). En 1709, à la suite de la bataille de Malplaquet, le traité de Nimègue ayant rendu Saint-Ghislain à l’Espagne, le Hainaut tout entier retourna aux coalisés commandés par le duc de Marlborough. Chaque fois, l’abbaye subit pillage, dévastation, incendie et, chaque fois, elle puise dans ses ressources afin de reconstruire ou restaurer les bâtiments. Les 1 et 2 mai 1944, la ville fut aux deux-tiers détruite par des bombardements aériens des alliés. Le tracé de la ville fut ensuite modifié, la Haine fut déviée et ne traverse plus le centre de la ville.

THUIN  

Au sud-est de la ville actuelle, des fouilles effectuées dans le bois du Grand Bon Dieu révèlent la présence d’un oppidum ou site fortifié, remontant à l’époque néolithique. Thuin est plusieurs fois soumise à des sièges meurtriers. Les comtes de Hainaut s’en emparent avec force en 1053, 1298 et en 1408 avec la démolition définitive du château. En 1655, les troupes du Prince de Condé, alors au service de l’Espagne, en font le siège sans pouvoir prendre la ville. De par sa position stratégique aux confins du pays de Liège, la forteresse est maintes fois assiégée et reconstruite. Conquise par Louis XIV en 1675, la muraille qui enserre la Ville Haute est munie de six tours rondes décapitées; à l’avant-plan, la porte NotreDame apparaît comme une solide construction avec une toiture en bâtière, flanquée de deux tours munies d’archères; du côté de la plaine, on distingue deux tours, celle de la porte Bourreau et le moulin à vent installé sur le rempart oriental. Par contre, en 1675, les troupes françaises s’en emparent aisément, en raison de l’intelligence de certains bourgeois avec les Français, et l’occupent jusqu’à la paix de Nimègue en 1678. elle fait l’objet de projets de réaménagement, notamment par Vauban. Dès lors, la Thudinie constitue une enclave liégeoise à l’intérieur des territoires conquis par la France.  Vauban fera une visite du site en 1678 et envisage sa fortification mais aucun projet n’est rédigé précisémment ni réalisé.

Plan_de_Thuin_1670-

TOURNAI :

À l’époque gallo-romaine existait une enceinte, dont un tronçon long d’une cinquantaine de mètres ainsi que la base de deux tours ont été retrouvés  en 1995. À partir de 1187, à la suite des luttes des Tournaisiens, la ville acquiert une certaine indépendance vis-à-vis du reste du comté en dépendant directement de la couronne de France (tandis que son pays, le Tournaisis, reste flamand jusqu’à son annexion par Philippe le Bel). Tournai résistera à deux tentatives d’annexions par les soldats du comte de Flandre en 1197 et 1213. En 1513, le roi d’Angleterre Henri VIII prit possession de Tournai. En 1515, le gouverneur anglais décida de faire construire un «château», c’est-à-dire une citadelle sur la rive droite de l’Escaut. La partie nord de la ville fut séparée du reste de l’enceinte par un fossé et une muraille qui passaient par la rue Joseph Hoyois et la Place Verte actuelle. En 1521, le siège de la ville fait passer cette dernière aux mains de Charles Quint et Tournai rejoint ainsi les Pays-Bas espagnols. Au XVIe siècle, Tournai, surnommée la Genève du Nord, est le foyer de la contestation contre le régime espagnol dans les provinces wallonnes des Pays-Bas.Elle est également le siège d’une université. La ville où les protestants sont majoritaires ratifie l’Union d’Utrecht. Elle est reconquise par les Espagnols, en 1581, après une résistance héroïque sous la direction de Christine de Lalaing. La répression qui s’ensuit provoque l’exil d’une grande partie de la population. En 1667, sous le prétexte d’une guerre dite de Dévolution, Louis XIV, voulant élargir les frontières de son royaume, envahit une partie des Pays-Bas espagnols. Au mois de juin, Tournai, dont les défenses étaient vraiment obsolètes, fut prise en trois jours. Louis XIV décida alors de fortifier différemment la cité et d’y construire une nouvelle citadelle. Dès le mois d’août de cette année 1667, les travaux commencèrent par des démolitions importantes : l’église Sainte-Catherine, des couvents et environ 300 maisons furent sacrifiés ainsi que l’ancienne citadelle dont il ne subsiste qu’une partie de la Tour Henri VIII. Cette construction massive a un diamètre de 25 m et ses murs sont épais de 6,25 m à la base. 30 000 fantassins avec  l’aide de la main d’œuvre locale se relayèrent pour que, sept ans plus tard la nouvelle citadelle construite sur le point haut de la ville soit achevée. Le directeur des travaux est Guillaume Deshouillères, l’ingénieur Jean de Mesgrigny s’occupant des souterrains avec la mise en place d’une multitude de galeries de mines et contre-mines ainsi que divers obstacles à la progression de l’ennemie. La construction débute le 7 août 1667. Les travailleurs et soldats sont éparpillés sur un chantier de 400 à 1 900 hectares jusque l’été 1671. Tandis que l’érection de la citadelle se poursuit jusqu’en 1674 sous la direction de Deshoulières et de Mesgrigny qui en ont conçu les plans, Vauban s’attelle à partir de 1671 à rectifier et régulariser autant que possible les ouvrages détachés en avant de la vieille enceinte médiévale terrassée. Les demi-lunes sont régularisées et quatre ouvrages à cornes protègent les entrées principales de la ville, ceux-ci construits entre 1680 et 1692. Quant aux casernes construites à partir de 1671, les unes en maçonneries, les autres en pan de bois; les plans en sont donnés par les ingénieurs en place, sans que Vauban y intervienne, semble-t-il, pour le détai. La construction de la citadelle prend fin le 24 avril 1674, soit après six ans et huit mois de chantier. La construction de casernes liées à la citadelle est ensuite entamée afin de pouvoir héberger les soldats en repos et éviter ainsi toute friction avec la population. C’est une citadelle dite à la Vauban car ce dernier, très occupé à Lille, vint régulièrement à Tournai pour surveiller l’évolution des travaux. La citadelle conçue essentiellement par Mesringny, ami de Vauban, a une forme qui approche celle du pentagone régulier La citadelle a une forme qui approche celle du pentagone régulier avec cinq bastions reliés par des courtines développant 120 m de long. Chaque bastion possède une multitude d’infrastructures (infirmerie, boulangerie, armurerie…) afin de pouvoir subsister lors d’un siège, une porte dite Royale constituant l’accès principal et une sortie de secours. Le tout était entouré d’une enceinte constituée de fossés et de remparts dont les glacis, vers la ville, se terminaient par une vaste esplanade (emplacement du palais de justice actuel). En 1745 a lieu la bataille de Fontenoy (village situé à plus ou moins 10 km de Tournai) avec la victoire française contre les troupes anglaises et autrichiennes. La ville est conquise par la France sous la Révolution et l’Empire, puis est rattachée au royaume des Pays-Bas (1815). En 1830, elle est intégrée dans la Belgique indépendante. Bien que démantelées à partir de 1863, les fortifications tournaisiennes ont laissé de nombreux témoignages de leur existence dans la cité de l’Escaut. Les boulevards actuels correspondent au tracé la seconde enceinte communale. De la première enceinte, sont encore visibles la tour (dite) « des Rédemptoristes », la tour du Cygne, le fort Rouge qui doit son nom à la couleur de son toit, la tour Saint-Georges, la tour de la Loucherie et la tour du Séminaire. De la seconde enceinte existent toujours le pont des Trous, les tours Marvis et Saint-Jean, la porte de Marvis et le rempart de Choiseul.